Il y en a qui ont vu la Vierge, il y en a d’autres qui ont vu la Liberté.
Non la liberté n’existe pas. Ou plutôt elle existe mais uniquement dans la tête des démocrates. Non seulement ils se sont inventé leur propre petite divinité mais ces benêts croient en plus que ce fantôme va leur éclairer le chemin de l’action politique ! Suivez le phare Messieurs-Dames, la glorieuse lumière du « flambeau de la Liberté » qui vous montrera quoi faire et quoi penser !
Non la liberté n’existe pas. C’est sans doute pour cela qu’on lui érige des statues, qu’on l’a peint, qu’on l’allégorise à qui-mieux-mieux : pour lui donner une consistance qu’elle n’a pas. La liberté : entendez l’article défini, il est là pour leurrer ces nouilles-à-l’eau de démocrates : article défini pour un concept indéfini. Car personne n’est capable de dire ce que c’est que la liberté sans affliger son interlocuteur d’un monceau de généralités floues et ronflantes.
En revanche il y aurait eu beaucoup plus à dire d’une liberté. Ah vous voulez des statues !? Ah vous voulez donner des repères moraux à la populace ?! Vous seriez mieux avisés chers démocrates d’ériger des temples à la liberté d’expression, des autels à la liberté de pensée, des statues à la liberté de circulation, des bas-reliefs rappelant que chacun est censé disposé librement de son corps, etc. ! Chacune de ces libertés nous renvoie à des combats politiques précis (passés, présents et à venir) et d’ailleurs rien qu’à les citer nous viennent déjà à l’esprit certains de leurs protagonistes et des enjeux dont elles se font la réponse. Oui la réponse…mais j’anticipe trop.
Revenons à notre chimère : la liberté ? C’est tout et rien à la fois. C’est un mot glorieux et creux, d’un flou total, et c’est fort utile car en l’agitant sous le nez des électeurs chacun d’eux y lira midi à sa porte et s’y laissera prendre plus volontiers. Combien de gorges chaudes ont chanté sa sacro-sainte défense un jour et l’ont piétiné le lendemain suivant les besoins du moment ? Un seul exemple (mais il est de taille) et tout sera dit : combien de fois est-on allé porter la guerre à l’étranger en son nom1 ?
Oui j’ose le dire : la liberté est un concept (à usage) dictatorial !
Mais les démocrates s’accrochent à leur fétiche comme les enfants au père-Noël. Pourquoi donc ? Parce que la liberté c’est noble, c’est élevé, c’est galvanisant ! Tandis qu’une liberté (mettons la liberté de disposer de son corps puisqu’on parle en ce moment de vaccination obligatoire) c’est petit, c’est mesquin, c’est un problème précis et étriqué, c’est une urgence immédiate, ça a un côté bassement pratique. Alors que la liberté c’est général, c’est universel, c’est éternel ! Et ainsi plutôt que de tirer les enseignements politiques pratiques des combats passés et présents pour chacune des libertés, ils préfèrent se flatter d’être de nobles esprits et de vaillants cœurs emplis d’un Idéal ! Ô les douces vapeurs éthérées de l’Idéal…
Poursuivez votre rêve mes petits ! Pendant que les politiciens poursuivent leur action…
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Dans les prochains articles je vous détaillerai ce qui est en jeu lorsque la loi cherche à définir une liberté. Ce qui expliquera une bonne fois pour toute pourquoi il n’existe pas, et ne peut exister, un principe universel et intemporel pour dire comment voter les lois et indiquer où devrait commencer et s’arrêter telle ou telle liberté. J’en conclurai sur les intéressants périls qui en résulte pour toute démocratie. Ah tiens j’ai hâte de me lire !
[1] Multiples guerres du golfe (et les français qui avaient participé à la première mais pas aux suivantes se sont fait forts de moquer leurs confrères américains va-t’en-guerre, impérialistes avides de pétrole et si facilement abusables par les grosses ficelles des politiciens…avant de tomber dans le même panneau en…) Libye, Kosovo, Mali, Afghanistan… Ah je suis fort aise que deux siècles et demi plus tard la voix de Robespierre reste toujours aussi peu entendue ““La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d’un politique, est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés, et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c’est de les repousser comme des ennemis. » Maximilien Robespierre, discours contre la guerre prononcé le 2 janvier 1792 au club des Jacobins.”