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Penser le côté obscur

OBSESSION

Cette fascination pour les nazis tout de même…cela fait chaud au cœur ! Je ne parle évidemment pas des groupuscules nazillons peuplés au trois quarts de décérébrés. Non je parle de ces chers démocrates : soixante-quinze ans se sont écoulés et ils n’arrivent pas à penser à autre chose : leur littérature n’a jamais autant regorgé de Shoah, leurs universitaires ne cessent de se triturer le « trou noir de l’Histoire », et si fort peu croient que le swastika puisse vraiment revenir il y a comme qui dirait ? Un soupçon infime, de ces petits doutes résiduels qui vous chatouille désagréablement…
JE SAVOURE MON PETIT LAIT !

La raison de cette obsession, me demanderez-vous dans l’attente enfiévrée de mes Ténébreuses Lumières ? C’est je crois, qu’ils sentent, confusément, trèèèèèèèèès confusément – quelque part à la lisière de leur conscience ratatinée – qu’il y a quelque chose dans cette sombre histoire qu’ils n’ont pas dû bien comprendre, qu’ils n’ont toujours pas compris…

Ahhhh qu’il serait bon de pouvoir adhérer sans retenue à ceux qui taxent cette « barbarie nazie » d’épisode de folie collective, de démentielle sortie des rails ! Ou au moins pouvoir s’offrir ce demi-réconfort intellectuel que d’admettre une bonne fois pour toutes que cette ténébreuse et européenne aventure fasciste restera à jamais incompréhensible…

Sauf que ces foutues consciences veulent comprendre.
Et que cette envie-là est encore plus insistante que celle de botter en touche.

Et bien Messieurs-Dames les « démocrates », du haut de Sa suprême expérience du côté obscur l’Empereur est prêt à délivrer vos cerveaux de leurs angoisses historico-existentielles ! Alors vous voulez savoir ce qui vous obsède tant à propos de la période 1933-1945 ?

Ce n’était pas une sortie de rails.
Le nazisme n’était pas un accident de parcours de l’Histoire occidentale. Mais un de ses aboutissements logiques. L’occident a et a toujours eu deux ambitions constitutives, foncièrement contradictoires et pourtant pas forcément incompatibles, et le nazisme n’est rien d’autre que la tentative de mener à son terme l’une d’elles. Mais cette fois en pensant mûrement la chose, avec une cohérence complète, sans faux-semblant idéologiques, sans non plus d’atermoiements dans les moyens employés et leur mise à exécution… littéralement (hu ! hu ! hu !… Vous l’avez?).

Cette ambition clairement affichée, revendiquée avec fierté par les nazis, puis mise en œuvre rationnellement, avec méthode et détermination, cette ambition qui habite la civilisation occidentale depuis chacune des deux mille cinq cents et quelques années de son existence ?

C’est l’ambition de la suprématie. La volonté de domination. Le côté obscur de l’occident, aussi profondément enraciné en lui qu’il l’est en la Force.

Vous aviez loupé ça ?!? Il faut dire que les républicains sont rarement doués pour débusquer le Sith qu’ils ont sous le nez, si vous me permettez… Quant à débusquer celui qu’ils ont en eux !…

Les nazis ne voulaient plus ergoter ou jouer à passer pour ce qu’ils n’étaient pas. Alors que les empires coloniaux avaient encore besoin de se revendiquer civilisateurs (avec ce que cela impose, si ce n’est de retenue dans l’(ex)action, du moins d’escamotage de la (beaucoup plus sordide) réalité) ; alors que Napoléon avait besoin de se clamer révolutionnaire quand il n’était que le parachèvement de la contre-révolution thermidorienne ; alors que les conquistadors de toute l’Europe plantaient des croix et aspergeaient d’eau bénite à qui mieux-mieux quand il était évident pour tout le monde (et probablement pour eux-mêmes) qu’ils n’étaient que des mercenaires assoiffés d’or et de pouvoir ; enfin que dire qu’il n’y ait d’évident sur Rome ou sa bonne fille l’Église ? Et voilà nous y sommes presque, remontant ainsi de fil en aiguille, dans une remarquable continuité historique jusqu’à la racine de l’Occident, à ce tout petit pays dont tout est parti il y a 2600 ans, dont la pensée et l’Esthétique formaient un tout si solide que sa Force initiale s’est transmise comme un virus, mutant pour s’adapter mais se propageant avec succès jusqu’à habiter de nos jours un tiers de l’humanité (terrienne), et pas le moins puissants des tiers ! et dans ce petit recoin de méditerranée, à cette époque si reculée (et pourtant toujours si proche, si parlante!) on trouve déjà formulé le projet suprémaciste, explicité jusque dans ses détails les plus croustillants : Platon.

Ah mes amis il faut lire Platon ! Je sais que bon nombre d’entre vous ne s’en privent pas (tout en ayant la stupidité de l’avouer publiquement)[1] mais on ne citera jamais assez le primordial et méconnu Les Lois à compléter évidemment du mieux connu mais pas mieux lu La République. Résumons un peu la belle politique que Platon appelle de ses vœux :

  • le patriarcat pur et dur : si banal me direz-vous, mais si essentiel!
  • la propagande de masse, la pensée unique et les autodafés[2] : déjà pas mal pour l’époque ? Mais attendez un peu le génie visionnaire arrive…
  • l’eugénisme : splendide ! Si c’est pas la preuve du génie révolutionnaire ?!?)

TOUT Y EST JE VOUS DIS ! Et dire que dans les cours de philosophie de ces soi-disant « démocraties représentatives » on vante le « grand penseur » …mais OUI ! OUIIII ! Je n’aurais pas dit mieux !

Et l’autre ? me diront celles et ceux qui ne roupillent pas complètement.
L’autre quoi ?…diront les autres qui n’étant pas ceux qui ne roupillaient pas sont donc ceux qui…vous avez compris.

Et bien l’autre ambition constitutive de l’occident ?

Ah mais c’est que je n’ai plus la place dans cet article déjà trop long !



[1] L’élitisme platonicien malheureusement, n’est pas que de l’histoire ancienne : au XXIème siècle encore, il continue d’accabler l’humanité. Les auteurs de la politique étrangère des États-Unis, qui sont à l’origine des invasions impérialistes de l’Afghanistan et de l’Irak, sont connus pour être de grands disciples du philosophe politique Léo Strass, lui-même grand admirateur de Platon. « Les enseignement s de Strauss ont eu pour effet de convaincre les disciples de Strauss qu’ils font partie de l’élite dirigeante naturelle », indique Shadia Drury qui a beaucoup écrit sur les écrits de Strauss et ses conséquences. « Léo Strauss, continue t-elle, était fermement convaincu de l’efficacité et de l’utilité du mensonge en politique » et « justifiait ses positions en faisant référence au concept platonicien de noble mensonge ». L’influence straussienne n’est que trop visible dans l’usage par l’administration Bush de tromperies et de trucages flagrants pour convaincre les citoyens étatsuniens de la nécessité d’entrer en guerre contre l’Irak. « Les philosophes antiques pour lesquels Strauss avaient une prédilection pensaient que les masses n’étaient faites ni pour la vérité ni pour la liberté, et que leur offrir ces sublimes trésors revenait à donner de la confiture aux cochons. »
Clifford D.Conner, Histoire Populaire des Sciences, p 196 ; citant lui-même Shadia Drury, The Political Ideas of Leo Strauss ; Leo Strauss and the American Right et « Noble Lies and Perpetual War »



[2] […]Car en réalité il supposait que le gouvernement ne pouvait reposer que sur le mensonge et « voua sa vie » à l’élaboration de cette tromperie. Pour l’entretenir , Platon préconisait que l’on détruise les livres des mathématiciens ioniens et « que l’État impose son livre crapuleux [Les Lois] comme seule et unique source de doctrine. »
Clifford D.Conner, Histoire Populaire des Sciences, p194 ; citant lui-même Farrington, Science and Politics in the Ancient World, p126-127

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Par Palpatoche

Empereur galactique

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